Je ne perçois pas vos mots
Je me sens toujours de trop
Et ça me mine
Je rumine
Mon mal, mon amertume
De bitume
Je n'entends rien de vos rires
Parfois ils me font souffrir
Et je voudrais
D'un seul trait
Me biffer, vous laisser,
M'effacer
Réduits à bouillie immonde,
Les bruits, les chants du monde
Ne sont plus à mon ouïe
Que l'écho d'un bonheur enfoui
Réduits à sourde rumeur,
Comme univers qui meurt,
Les sons autour de moi
Ont tressé de lourds pans d'effroi
Je me rappelle
Le seau et la pelle,
Le sable et la mer,
La pierre et le fer,
Le vent dans les treilles,
La danse des abeilles,
Le sarment tordu,
J’ai entendu
Cris et courses folles
Des cours d‘écoles,
C’est toi qui t’y colles,
La pluie et la grêle sur la tôle.
Handicap qui ne se voit
Et pourtant le pire qui soit
Et ça me mine
Je rumine
Mon mal, mon amertume
De bitume
La douleur d’être incomprise
La rancœur qui me divise
Et je voudrais
D'un seul trait
Me biffer, vous laisser,
M'effacer
Charriant rancœurs et regrets,
Comme cinéma muet,
L’étirement des heures
Se fait sans saveurs et couleurs
Mille lèvres qui s'agitent
Les gens qui parlent vite
Leurs regards que j’évite
Le monde qui s’est tu et s’effrite
Chantent en moi
La branche qui ploie,
La barque qui gîte,
Le feu qui crépite,
La pluie sur les lacs,
L’escarbille qui craque,
Les jeux des enfants
Et d’eux j’entends
Les tours dans la neige
Et les manèges,
Leurs cerceaux qui crissent
Et au tableau la craie qui glisse,